Oldelaf en interview au festival Terres du Son
Les Flibustiers de l’Actu : Comment as-tu
ressenti le public parce que nous, c’était la boue, c’était la galère…
Oldelaf : Honnêtement, en vrai, il y a deux choses, voire trois. C’était juste un miracle ce qui s’est passé au niveau du temps alors on s’est dit que ça mettait forcément dans de bonnes dispositions. Deuxième miracle, c’est qu’on jouait en premier et souvent, c’est pas la fête quand on passe en premier et qu’à la fin il y avait beaucoup, beaucoup de monde déjà et ça j’étais content car on a déjà joué dans des festivals où tu joues pas forcément en premier mais tu joues tôt et…
Bruno & Co : Oui par exemple à Fouesnant la
semaine dernière, c’était pas la grande foule…
Oldelaf : Oui voilà mais le pire c’était à Montendre. Je crois qu’il y avait 500 personnes quand on a joué et 40.000 quand Snoop Dog a joué en fin de soirée. C’est cool 500 personnes tu vois, mais quand tu parlais aux gens qui te disaient « Super, vous étiez programmés! », on leur demandait « Tu as vu le concert ? », ils répondaient « Non, je suis arrivé après. ». Donc c’est un peu dur quand t’es là, donc là, quand on a vu que les gens venaient déjà, faisaient la fête, ça nous a mis dans de supers dispositions. Ce temps a aidé tout le monde à participer. Et puis il y a les conditions en général : le praticable de batterie a pété quand j’ai sauté. Il a pété sur la dernière note mais s’il avait cassé avant, ça aurait été moins marrant aussi. Franchement, bravo Terres du Son !
*****
Bruno & Co : Tu
as collaboré avec GiedRé qui est une artiste que j’aime beaucoup, et je voulais
savoir comment cette collaboration est née, comment tu l’as rencontrée, est-ce
que tu as entendu parler de ce qu’elle faisait ou inversement ?
Oldelaf : Les deux en
fait. Au début, on a entendu parler l’un de l’autre, puis après elle avait fait
la première partie d’Oldelaf quand on a fait l’Alhambra il y a un petit moment
maintenant. C’était il y a plus d’un an. J’avais bien aimé son univers, sa
personnalité mais on ne s’était pas parlé du tout, on s’était dit bonjour,
voilà, point barre. On a rejoué en fait plusieurs fois, elle a fait beaucoup de
fois la tournée. C’était entre un co-plateau et une première partie. Tu sais,
ce qu’elle faisait, c’était 45 minutes, et 2h15 les deux sets, et ça se mariait
vachement bien les uns avec les autres. Du coup, un jour, on est arrivés l’après-midi
et on s’est dit « Tu veux qu’on chante ensemble ? ». Elle a répondu « Oui,
carrément, et on écrit la chanson en direct ». On a chanté une première
chanson et après on s’est dit « Attends, faisons ça », et on l’a fait
une fois, deux fois, trois fois. On s’entend très très bien avec GiedRé, c’est
quelqu’un que j’admire beaucoup et que je trouve d’une très grande intelligence
et d’une simplicité… Elle a compris beaucoup de choses et ça fait comprendre
aux gens qu’il n’y a pas besoin d’avoir forcément de gros amplis pour faire du
rock, et elle est rock’n’roll dans sa tête. On est devenus très amis et il y a
des gens que je croise en festival mais elle c’est quelqu’un qui compte
beaucoup. On l’adore et elle adore toute l’équipe, du coup je sens que je la
titillerais pour qu’elle se renouvelle et tout. Elle me supplie de lui apprendre
à jouer d’autres trucs, du coup ça va être super de voir comment elle va, au
fur et à mesure, amener les choses. Je sais qu’elle réfléchit à ça et qu’on
sera amenés à rebosser ensemble.
*****
Les Flibustiers de l’Actu :
On se disait que c’était quand même assez multi-générationnel finalement. On a
vu une fille de 4 ans qui connaissait toutes les paroles par cœur, sur le dos
de ses parents, et la mère qui connaissait exactement les paroles aussi, et on
s’est dit qu’on ne voyait pas toujours ça en festival. Hier, c’était résolument
jeune, très jeune. Là, c’était vraiment deux générations qui chantaient les
mêmes chansons.
Oldelaf : Ben écoute
moi, ça m’a toujours fait plaisir de voir ça ; hier quand on a joué, un
grand-père nous a dit que c’était vraiment très générationnel car aussi bien
lui que ses enfants et ses petits-enfants avaient pris du plaisir. Moi, ce qui
me fait plaisir, c’est que les gens ne rient pas forcément pour les mêmes
choses et n’apprécient pas forcément les mêmes choses. Finalement, je pense que
le spectacle précédent d’Oldelaf et Monsieur D était encore plus large. Parce
qu’il y avait vraiment des chansons, comme le Gros Ours, que tu pouvais prendre à plein de degrés différents. C’était
intéressant, en tout cas on s’éclate et on ne veut surtout pas mettre de
barrière aux gens à qui on s’adresse. Moi, je fais de la musique pour que les
gens chantent mes chansons. Je veux que mes chansons soient chantées, qu’elles
aident les gens à faire la fête, et je suis très content. Je ne veux surtout
pas me dire « Moi je fais un truc, je m’adresse plutôt aux garçons entre
28 et 29 ans qui sont plutôt en sciences-éco… » ; Non, moi, je veux
faire des chansons pour tout le monde, je veux que mes chansons soient
chantées, vraiment. C’est vraiment ça que je veux et c’est pour ça que ce
festival m’a fait très plaisir. Les gens ont mis l’ambiance et ça se faisait
très bien de manière générale sur la tournée donc, j’ai de la chance.
*****
Bruno & Co : Tu n’as
jamais songé à commencer une carrière d’humoriste ?
Oldelaf : (rires)…Ouais, euuh,
alors si, bien sûr. Enfin, en ce moment, c’est très particulier, parce que via
ce qui se passe pour ma médiatisation, à part la radio, je ne croise que des
humoristes, qui m’accueillent à bras ouverts et qui me disent « Voilà,
viens, tu es fait pour ça ». Le milieu des humoristes est un milieu très
confortable et c’est ça qui est très rigolo. Moi, j’ai la chance avec Oldelaf
et Monsieur D avant, et même avec Oldelaf maintenant, d’être à cheval entre
chanson et humour, et ma particularité est d’être invité pour les deux. Et les
festivals de musique c’est vraiment très très drôle, j’adore ça. C’est roots,
on se bat pour défendre les droits dans le monde, les inégalités, les machins…On
fait caca dans des toilettes sèches, on a des plateaux repas, une bonne
ambiance, on partage tous la même scène
mais il n’y a pas de concours. On est là et ça brasse des millions de personnes
sur certains festivals. Là, je pense qu’on va atteindre les 10.000 personnes ce
soir. Le milieu de l’humour, c’est complètement différent : tu accueilles
des équipes où il y a un mec sur scène, parfois deux, donc du coup t’es logé
dans des hôtels hyper luxueux. Les mecs sont payés bien plus cher alors qu’ils
sont beaucoup moins. T’es toujours dans des palaces, dans des conditions
incroyables. Tu joues plutôt beaucoup plus souvent devant 800 personnes quand t’es
plus connu mais sinon de façon récurrente dans ses salles. Nous les musiciens
quand on va faire un concert à Paris on va jouer, là ça se passe bien alors ça
sera l’Olympia en janvier, mais sinon tu vas faire le Café de la Danse, un 500
personnes, etc.…Les humoristes, non, il faut rester pendant 3 mois, 6 mois, 2 ans à l’affiche d’un cabaret où tu vas voir 50 ou 100 personnes, 200 quand
t’es connu mais même quand c’est une grosse salle, il faut le faire. C’est deux
mondes différents et moi je suis le cul entre deux chaises, c’est-à-dire qu’on
a à la fois cette récurrence avec les Blancs Manteaux (on est restés 6 mois,
tous les lundis, mardis aux Blancs Manteaux). C’est un spectacle qui est connu
pour l’humour. Après nous on a fait cette carrière de musiciens mais je me
retrouve chroniqueur chez Drucker, où il n’y a que des humoristes qui m’invitent
avec eux. Je suis invité au Marrakech de l’Humour avec Drucker, Jamel, et je
suis là et je ne suis pas. La Tristitude
c’est une chanson qui aura été clé là-dessus parce qu’en fait, elle réunit tous
les univers. C’est une chanson qui est acceptée par le monde de la musique, c’est-à-dire
qu’elle a été programmée en tant que chanson en radio, elle marche vraiment
dans les festivals, elle marche sur disque, les gens achètent. Tu vois La Tristitude,
elle cartonne sur les festivals d’humour. J’ai été intégré à des programmes d’humoristes
purs parce qu’il y a un gag, ça répond aux mêmes critères qu’un stand-up, il
est accepté par le monde de la télé, où on se dit « Très bien, un truc un
petit peu différent de l’habitude, un mec un peu à cheval », et voilà,
moi, je n’avais pas du tout programmé ça comme ça. Je pense qu’Oldelaf et
Monsieur D, c’est un spectacle clairement humoristique, j’aurais été beaucoup
plus prêt à franchir les étapes du monde de l’humour. Avec Oldelaf, on a fait
le choix de la musique. Sur scène, c’est beaucoup plus musical, on répète
beaucoup plus, c’est quelque chose qu’on veut plus standardisé « musique »,
et, paradoxalement, c’est au même moment qu’on ouvre beaucoup plus les portes
de l’humour. Je ne sais pas te dire aujourd’hui où j’en suis, par contre je
sais que oui, forcément, j’y ai pensé à un moment mais c’était plus à l’époque
d’Oldelaf et Monsieur D., où j’aurais dit « Si ça se trouve, je suis plus
fait pour un truc humoristique ». Mais là, j’ai pris la position d’être
musicien. Et c’est à ce moment-là que ça marche le mieux dans le milieu de l’humour !
*****
Les Flibustiers de l’Actu :
Musicien, oui, mais on t’as vu récemment dans le final de Bref.
Oldelaf : (rires)
Les Flibustiers de l’Actu :
Tu peux nous raconter un peu comment s’est passée la rencontre avec l’équipe ?
Oldelaf : On s’est
croisés par personnes interposées, par Monsieur Poulpe qui fait des golden
shows, des humoristes très connus sur internet, golden show auquel j’ai
participé à plusieurs reprises, avec GiedRé aussi d’ailleurs. Pas dans le même
truc, mais on a participé à ce truc-là. D’abord, j’admire particulièrement ce
qu’ils font, et ensuite, je leur ai dit que j’étais vraiment prêt à leur prêter
main forte. Et là, on est pratiquement plus dans un truc humoristique, donc là
je fais l’acteur mais encore avec une guitare (rires), le cul entre deux
chaises. On s’est croisés et puis…comment ça s’est passé ? Kyan (Khojandi) m’a dit « Ecoute,
si tu veux faire un jour un truc, n’hésite pas ». Donc je l’ai appelé et
je lui ai proposé de venir faire un truc au Trianon, en guest. Il est arrivé et
on a fait une chanson ensemble, qui s’appelait Showbiz, qui se trouve sur internet et qui est très rigolote.
Enfin, on avait fait un sketch et on a beaucoup rigolé, lui surtout ! On
avait des choses à se donner chacun, qu’on avait pas à la base. Kyan, c’est la
personnalité de l’année certainement, c’est un buzz comme on en a rarement vu.
Je ne sais pas combien de couvertures de magazines il a faites cette année,
mais c’est un truc de malade ! Il le mérite parce que sa série est
vraiment incroyable, tu vois, eux, dans l’humour, ça marchait moyennement et
ils ont trouvé l’étincelle. Je suis fan de ce qu’ils font ! Lui en fait,
il a beaucoup aimé mes chansons, il les connait vraiment bien, il sort les
paroles par cœur ! C’est pas juste « J’aime bien, c’est sympa ta
chanson la « Bristitude », - non, non, La Tristitude !". Du coup, comme on admire vraiment ce qu’on
fait les uns les autres, c’est d’autant plus agréable de travailler ensemble. C’est
comme ce qui se passe avec GiedRé, je crois que j’ai vraiment besoin d’admirer
les gens pour travailler avec eux, c’est pas juste des guests pour dire « J’ai
bossé avec untel ou untel », j’ai vraiment besoin d’aimer les gens que j’invite. Ça s’est toujours passé comme ça, et heureusement ! C’est là qu’il m’a dit
« On va faire un final de Bref, j’ai un personnage pour toi ». Ca a
été très compliqué à gérer parce que le même jour, je jouais à l’Olympia avec
des humoristes, donc je faisais un plateau d’humour, le plateau de Bref, et le
lendemain, j’avais un autre truc… Tout est arrivé en même temps et j’ai bien
fait de le faire parce que c’était la dernière. Ça n’aurait pas été remis à
plus tard ! je suis très content d’avoir fait partie de ça parce que c’est
le clin d’œil que tout le monde a vu. Je suis fier d’être là dedans, c’est pas
une pub pour de la lessive. Je pourrais dire à mes enfants « J’ai fait
partie de cet épisode, un petit personnage dans Bref, et c’est pas rien ».
Moi je trouve que c’est une super décision d’arrêter là…ils ont été hyper haut et avant qu’on dise « Oh la saison 2 c’est moins bien », ils sont
partis en haut de…c’est Jeff Buckley qui a eu la « présence d’esprit »
de mourir à 27 ans, au sommet de sa gloire. C’est très astucieux de sa part de
se faire mourir au bon moment (parlant de Kyan Khojandi). Et à ce moment-là, je meurs d’une
crise cardiaque (rires).
*****
Les Flibustiers de l’Actu :
Multi-générationnel, multi-instrumental aussi. J’ai l’impression qu’ils savent
tout faire, les musiciens ? Qu’est ce qu’ils ne font pas, en fait ?
Oldelaf :
C’est vrai que cette particularité là…en gros, chacun pourrait faire un album !
Moi, la batterie, c’est pas mon truc, il faut être honnête ! En fait, c’est
un petit peu ce que je leur demandais, qu’ils jouent chacun de deux instruments
et qu’ils chantent. Ca, c’est très important ! Comme aujourd’hui, beaucoup
de gens se mettent à bricoler la musique sur ordinateur, chez eux…Tu te
prépares à pouvoir rebondir, la musique est un peu cruelle alors tu as intérêt
à pouvoir dire «Je fais de la guitare aussi mais je peux jouer de la basse. Le clavier,
je dois pouvoir apprendre. » Très vite, tu es obligé de multiplier tes
compétences. Après, c’est rare dans un groupe que chacun joue vraiment beaucoup
de choses bien. J’ai beaucoup de chance là-dessus. Moi, à la base, je suis
pianiste de formation. La guitare, c’est venu parce que je voulais faire ça
pour être avec les gens en face, avec un piano, tu es derrière. La guitare, tu
es beaucoup moins caché, t’es plus avec les gens. Et après tout, je pense qu’on
est tous très curieux de tenter un instrument quand il nous passe entre les
mains : le ukulélé…
*****
Bruno &
Co : Peux-tu dessiner ce que représente pour toi la musique ?
Oldelaf : Je vais d’abord préciser que je suis le pire dessinateur de France !
Autant, je soigne parfois le fond, mais la forme…Alors, pour moi, qu’est ce que
c’est la musique ? C’est peut-être un peu bateau, mais je vais expliquer !
Voilà, j’ai fait un cœur, c’est pas un cul, hein, c’est bien un cœur (rires). C’est
pas l’amour que je vois là-dedans, ça l’est aussi certainement parce que ça m’a
permis de dire des choses aux personnes, c’est surtout le cœur qui bat et qui
me fait vivre. C’est vraiment toujours ce qui m’a fait avancer (en parlant de
la musique). C’est une partie de moi…Peut-être j’aurais pu dessiner une bouche,
voilà. Et puis on dit « avoir la bouche en cœur ». On va dire que c’est
là tout le symbole.
Merci à Oldelaf de nous avoir accordé de son temps, merci à toute l'équipe de Terres du Son pour leur accueil et leur gentillesse !
Les Flibustiers de l'Actu : de la musique en tout genre, des interviews, des comptes-rendus de concert, c'est par ici
*UkuTsuna & MaxiCastor*
Aucun commentaire: